Cahier spécial
Le texte suivant est extrait du superbe cahier spécial qui va agrémenter la première édition du tome 1 de Maudit sois-tu. Vous pourrez y découvrir des recherches, des esquisses de Carlos Puerta, mais aussi une réflexion sur les thèmes de l’histoire, et mes sources d’inspiration.
« Nous, Barbares, nous savons que c’est après la chasse, et seulement après elle, que l’homme se divertit. Vous connaissez le dicton des chefs ougandais : chasse ton ennemi, et ensuite la femme. C’est un instinct naturel. Le sang est vivifié par la mise à mort; une passion en engendre une autre. Tuez, puis aimez ! Quand vous aurez connu ça, vous aurez connu l’extase ! »
Nous sommes en 1932 et le Code Hays (2) n’a pas encore sévi; les scénaristes et les producteurs sont donc libres de tous les excès, de toutes les audaces en cette période de prohibition et de scandales. Adaptation cinématographique d’un roman de Richard Connell paru huit ans plus tôt, La chasse du comte Zaroff y révèle un personnage pervers, à la sexualité stimulée par la traque, et qui n’a aucun scrupule à montrer à ses futures victimes sa salle des trophées où des têtes humaines sont accrochées au mur, ou plongées dans du formol.
Zaroff est un oxymore à lui tout seul : raffiné, cultivé, élégant, mélomane, il atteint pourtant des summums de cruauté et de vice lors de ses chasses. Il n’a pas plus de pitié pour ses proies que les Spartiates, inventeurs de ce « jeu », lorsqu’ils traquaient et mettaient à mort les Hilotes; pas plus que n’en aura le tueur en série Robert Hansen qui mettra en application la chasse à l’homme, ou plutôt à la femme, dans les années 70 et 80…