Et si… ? (1/4)

Nous avons tous une prédisposition naturelle aux récits qui laissent libre cours à l’imagination. Mais dans une histoire aux référents clairement établis, aux personnages universellement connus et aux décors facilement identifiables, ce sont la rupture et le dysfonctionnement qui vont donner du sens à l’histoire : et si…. ?


Et si Oliver Twist n’était pas attrapé par la police après avoir été, à tort, accusé de vol ? Et si Peter Pan, incapable de voler et poursuivi par son vieil ennemi jusque dans le Londres victorien, sentait le souffle du déclin ? Et si le Capitaine Crochet essayait de simuler avec les prostituées de Whitechapel l’amour que lui refuse Wendy ? Et si James Barrie était son propre personnage, incapable de revenir dans son pays imaginaire, prisonnier de notre monde et victime de la malédiction qu’il s’était juré d’éviter : devenir un adulte ?


Oliver & Peter est animé par deux éléments : tout d’abord, la quête initiatique d’une « road-story » dans le présent, le passé, et l’imaginaire; une quête aux conséquences assez funestes pour Peter Pan, prisonnier de l’Angleterre victorienne, et donc condamné à devenir un adulte. Mais il met également en scène l’amitié entre deux garçons devenus frères qui ont besoin l’un de l’autre jusqu’à la séparation finale et les douloureuses retrouvailles vingt ans plus tard.


Nous avons également puisé dans les aspects les plus sombres des œuvres de Dickens et Barrie, marquées au fer rouge par la figure de la mère absente et substituée. Celle qui fait défaut à Crochet qui se venge sur les prostituées de Whitechapel ; celle qui a déçu Peter Pan parce qu’elle s’est mise à grandir ; mais surtout celle qui lui a donné le jour à Oliver Twist avant de mourir, et pour laquelle il est prêt à braver mille dangers afin de découvrir son visage.